La Capitale culturelle… version rebelle !
Lancée officiellement depuis un peu plus d’un mois par les fondateurs du site marseille2013.org, l’idée d’un « Off » fait son chemin. Si l’initiative aboutit, ce sera la première fois qu’une capitale européenne de la culture générera une telle manifestation. Qui n’est jamais tombé en cherchant des infos concernant 2013 sur marseille2013.org, site précurseur créé par trois copains employés à l’époque d’une agence de com marseillaise ? Petit retour sur image. En 2003, Eric Pringels, l’un des trois compères accros au chiffre 13 tout comme Antonin Doussot et Marlin Carrese, ayant appris que la capitale européenne de la culture serait française en 2013, propose à ses deux amis de déposer les noms de domaines marseille2013.com, .fr et .org ainsi que les marques correspondantes à l’INPI. “Dès 2004, on a lancé un appel à projets artistiques, histoire de faire connaître des artistes et de positionner Marseille sur ce créneau. Aujourd’hui, on a reçu une cinquantaine de projets qui émanent d’artistes connus ou pas”, raconte Eric Pringels. Lorsqu’en septembre 2008, Marseille-Provence décroche le label, c’est la joie mais pas pour autant le début de la moindre collaboration avec l’association officielle. Bien au contraire, celle-ci leur offre 5 000 € pour un accès libre à leur site et la cession des noms de domaines. Refus des intéressés dont les écrits deviennent incisifs et critiques. Décortiquant à leur manière le budget de la capitale culturelle en le ramenant de 98 M€ à 42 M€, convaincus qu’une fois financés les 500 à 600 projets émanant de structures reconnues, il ne restera plus rien pour d’autres initiatives artistiques ayant pourtant souvent besoin d’un coup de pouce, marseille2013.org lance officiellement son appel pour le « Off » le 10 mars dernier depuis le bien-nommé Vallon des Auffes. Et maintenant, on fait comment ? Ouvert à tous jusqu’au 31 décembre 2012, artistes ou non, et à tous supports (image, texte, vidéo, son…) sauf aux projets déjà déposés dans le « In », reposant sur un cahier des charges précis — « Marseille exclusivement, Marseille ville-monde et ville-paradoxe (cosmopolite mais villageoise, portuaire mais tournée vers l’intérieur, raciste mais solidaire, etc.), c’est notre fil conducteur » —, le dépôt de projets est gratuit pour les personnes. Par contre, il est demandé aux structures d’adhérer à l’association M2K13 moyennant 13 €/an par projet envoyé. En pratique, il suffit de déposer ce dernier sur le site pour qu’il soit mis en ligne dans les 13 jours (évidemment). Question : le nerf de l’affaire étant l’argent, comment pallier l’absence totale de subsides pour produire les œuvres ? Réponse : “Nous avons noué un partenariat avec le site kisskissbankbank.com qui permet aux artistes de lever des fonds auprès de leur entourage et du public sous un délai de 120 jours. En clair, par le biais du site, nous créons le buzz et mettons en relation porteurs de projet et mécènes (financement, compétences…)”, explique Eric Pringels. Avec six bénévoles dont une personne chargée des partenariats et de la pub, l’association, qui recherche des bureaux, commence à démarcher les entreprises locales à forte notoriété et réfléchit à mutualiser les moyens pour obtenir des conditions intéressantes de production. “Nous ciblerons ensuite de plus grosses sociétés nationales et internationales notamment dans le domaine du tourisme, des loisirs et de l’hôtellerie.” Avantage pour les futurs annonceurs ? Disposer d’une visibilité immédiate sur un site qui attire 25 000 visiteurs uniques par mois. Aussi motivée qu’inventive, la petite équipe à l’esprit rebelle déborde d’idées. Alors qu’elle vend déjà tee-shirts et produits à connotation culturelle sur un ton décalé, prévoyante, elle pense même à transformer une éventuelle grève des éboueurs de 2013 (sait-on jamais…) en happening via des sacs poubelles solides, écolos et siglés. Et d’insister : “À Marseille, on ne fait jamais rien comme ailleurs… Donc pourquoi pas ce « Off », qui serait une première ?”